J.M. Weston :
l’élégance à la française made
in Limoges

À Limoges, chaque paire de chaussures signée J.M. Weston raconte une histoire : celle d’un savoir-faire local d’exception. Gaël Cœuret, directeur de la manufacture, nous en dévoile les coulisses.

Les fidèles de la marque savent que l’histoire de J.M. Weston démarre à Limoges. Si vous deviez nous la raconter en quelques mots, qu’est-ce que cela donnerait ?

Effectivement, pour nous tout commence en 1891, quand Édouard Blanchard fonde une manufacture de chaussures à Limoges. En 1904, il réalise ce qu’on pourrait appeler un « voyage initiatique » aux États-Unis, dans la ville de Weston. C’est là qu’il découvre une méthode de fabrication révolutionnaire : le cousu Goodyear. Ce procédé, qui permet notamment de rendre les chaussures entièrement réparables, va devenir notre signature. Enfin, en 1922, il baptise la marque du nom de cette ville américaine, pour faire écho aux grands noms de l’époque chez les chausseurs, qui étaient d’origine anglo-saxonne. Les bases étaient posées !

Depuis, c’est justement cette volonté de rester fidèles à nos origines qui a fait notre singularité. Les modèles de J.M. Weston sont toujours fabriqués à la main, dans notre manufacture de Limoges, où exercent 140 artisans et artisanes. Notre modèle phare par exemple, le mocassin 180, doit son nom au nombre d’étapes nécessaires à sa fabrication, dans le respect d’un savoir-faire transmis depuis plus d’un siècle. Rien n’est laissé au hasard, du choix des cuirs jusqu’à la dernière couture.

C’est important pour vous de rester ancré à Limoges, encore aujourd’hui ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est que Limoges n’est pas seulement notre berceau : ça a été un terreau de compétences qui nous a fait vivre. La ville a longtemps été un haut lieu de la chaussure et du cuir, avec jusqu’à 20 000 emplois liés à cette filière. Nous avons vu des générations, parfois d’une même famille, se succéder dans nos ateliers. La délocalisation n’a jamais été un de nos projets, car rester où nous sommes, c’est garder la main sur nos savoir-faire et la qualité de nos produits.

Force est de constater que cela nous a bien réussi. Notre état d’esprit est donc plutôt de continuer à transmettre nos compétences. C’est pour cela que nous avons fondé l’École des Ateliers Weston, au sein même de la manufacture : une dizaine d’élèves y sont formés chaque année par un professeur Compagnon du Devoir. Plus récemment, nous avons aussi contribué avec d’autres entreprises locales à rouvrir une section « piquage en maroquinerie » dans un lycée professionnel du territoire. Deux formatrices viennent d’ailleurs de chez J.M. Weston.

Comment percevez-vous aujourd’hui l’écosystème artisanal et créatif sur le territoire ?

Dans notre domaine en particulier, la chaussure, la filière n’est plus aussi abondante qu’elle l’était par le passé. Pour autant, on compte encore plusieurs entreprises, dans différentes spécialités du cuir : la sellerie, la ganterie… Et les échanges sont riches entre nous, avec des initiatives intéressantes à la clé — la formation, comme je l’évoquais plus tôt, en est une belle illustration. D’autant que l’on se sent soutenu par les acteurs institutionnels, que ce soit la Région, la Ville de Limoges ou la Métropole.

Si l’on parle de l’écosystème économique au global, il est très dynamique et cela ouvre beaucoup de possibilités. Nous sommes très attachés à travailler en local, que ce soit avec nos prestataires ou nos fournisseurs, et cela serait compliqué s’il n’y avait pas un tissu économique dense. J.M. Weston dispose par exemple de sa propre tannerie, située à seulement trente minutes de la manufacture. Ce qui est une exception dans notre secteur.

Pour J.M. Weston, quelle place occupera Limoges et son territoire dans vos ambitions futures ?

Nous sommes très confiants dans nos projets de développement, car nous continuons d’étoffer nos savoir-faire pour fabriquer de nouveaux modèles : des pantoufles, des bottes cavalières, des baskets… Cette année, nous devenons aussi fournisseurs officiels de la Garde monégasque, après la Garde républicaine que nous accompagnons depuis déjà de nombreuses années. On dit souvent que la tradition est un ressort pour l’innovation : chez nous, c’est plus vrai que jamais. Et tout cela, sans jamais quitter Limoges. C’est ici que ça se passe !