Festival Éclats d’Émail Jazz Édition : faire résonner l’identité jazz de Limoges
Quand se referme la parenthèse estivale, c’est là que les trombones et les saxos se font entendre à Limoges… Jean-Michel Leygonie, directeur du festival, revient sur cette aventure musicale singulière !
En 2025, le Festival Éclats d’Émail fête ses 20 ans. Comment tout a-t-il démarré ?
J’ai toujours travaillé dans la musique. Au début des années 1990, j’étais notamment directeur artistique du festival Jazz en Limousin, un événement qui rayonnait dans les trois départements du Limousin et durait un mois.
C’est au milieu des années 2000 que j’ai proposé à la ville de Limoges de créer un festival de jazz. La mairie de l’époque a tout de suite accepté de soutenir le projet et accordé une aide, qui a donné lieu à la première édition d’Éclats d’Émail en 2006. Depuis, on peut dire que le festival a bien grandi : à l’origine, les festivités duraient une semaine, aujourd’hui elles s’étalent sur une dizaine de jours.
Quel est le rayonnement du festival, à l’échelle régionale et nationale ? Qu’est-ce qui attire les festivaliers ?
L’an dernier, nous avons réuni plus de 12 000 personnes, ce qui fait de nous un des quinze principaux festivals de jazz en France à l’automne, et un des trois principaux en Nouvelle-Aquitaine. Une belle prouesse quand on sait qu’il y en 500 programmés chaque année en France !
Au fil des années, le public s’est montré fidèle, sans doute séduit par une programmation qui met en valeur la musique contemporaine. Évidemment, nous sommes toujours partants pour rendre hommage à Ella Fitzgerald ou Duke Ellington. À condition d’être accompagnés de musiciens talentueux qui mettent toute leur énergie pour réinterpréter des œuvres majeures. Mais le festival est très attaché à valoriser les compositrices et compositeurs de jazz de la nouvelle génération. Et je pense que c’est ce que le public aime : découvrir des artistes émergents et se laisser porter par leur virtuosité.
Quel est votre public ? Uniquement des amateurs de jazz ? Ou est-ce que le festival séduit plus largement ?
L’objectif était de pouvoir parler au plus grand monde, et je crois que nous y sommes bien parvenus. Notamment en appliquant deux grands principes. Le premier étant l’accessibilité des tarifs, puisque nous ne dépassons pas les 30 €. Mais je crois que c’est surtout parce que nous envisageons le festival comme un événement immersif à part entière, et pas uniquement comme une rencontre entre amoureux du jazz.
Pour cela, avec le temps, nous avons élargi la programmation en accueillant des artistes comme Keziah Jones, Bertrand Belin ou Jeanne Added, à la frontière entre le jazz, la pop et le rock. Cette ouverture à de nouveaux univers n’est pas opportuniste : elle est motivée par l’envie sincère de faire découvrir des artistes que nous aimons profondément.
Quand on parle de Limoges, on pense plus facilement à la porcelaine qu’au jazz. Pourtant, la ville a sa petite histoire avec cette musique…
Tout à fait : historiquement, Limoges est une ville de jazz ! Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les bals populaires ont permis aux Limougeauds de découvrir la musique noire américaine, importée par les soldats américains, en particulier les notes de Sidney Bechet et ses acolytes. Et puis, en 1948, une institution mythique a été créé : le Hot Club. Elle était aussi présente sous le même nom dans d’autres villes, comme Lyon ou Orange, et était très active. Elle a accueilli des grands noms du jazz et continue, encore aujourd’hui, de programmer des concerts, surtout du swing jazz très dansant.
Limoges est indéniablement une ville qui aime la musique. Nous avons eu une scène free jazz et rock alternatif très dynamique dans les années 90. Aujourd’hui, cet amour des sonorités perdure à travers l’existence de plusieurs festivals de musique d’envergure. Je pense par exemple à 1 001 Notes.
Si vous deviez donner envie à quelqu’un de venir à Limoges, et de découvrir Éclats d’Émail Jazz par la même occasion, vous lui diriez… ?
Pour moi, Limoges est une ville discrète qui possède de nombreux trésors. Notre patrimoine culturel est très riche. C’est à la fois une ville d’art, d’histoire et de savoir-faire — de la porcelaine à la maroquinerie. Sans oublier une gastronomie riche et variée. Récemment, un nouvel établissement vient aussi d’être inauguré en plein centre-ville : la Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine, ce qui place Limoges sur la scène nationale de l’art contemporain.
Nous possédons aussi un parc hôtelier de qualité et un environnement économique très abordable. En un mot, tous les éléments sont réunis pour passer un séjour très agréable, et festif. Pour celles et ceux qui veulent vibrer au rythme de concerts inoubliables !